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samedi 1 février 2014

Le "W" (bis) del Paine

Ca y est! On l'a fait!
"De quoi" me direz-vous... Mais le trek "W" du Torres del Paine bien sûr! Cinq jours de marche dans le parc national le plus fréquenté du Chili, pour faire une des randonnées les plus célèbres du continent, et pour le coup, on n'a pas été déçu.

Alors avant de commencer, précisons que le fameux W n'est qu'une portion d'un truc plus important qui s'étale sur 10-12 jours et qui consiste à faire le tour du massif Paine. Vu que ce parcours complet fait une boucle, on l'appelle le "O" (comme c'est originial). Le W n'en constitue que la partie sud et doit son nom à la forme du tracé. Chacune des 3 branches du W aboutit à un point de vue majeur de la rando : le glacier Grey, les cuernos (cornes) del Paine et les torres (tours) del Paine. La tradition veut que le tracé soit parcouru d'est en ouest, mais le peu de disponibilité dans les refuges nous a amené à le faire "à l'envers". Compte-tenu de la très forte fréquentation du W, il s'avère qu'au final on croise à peu près autant de gens dans les 2 sens. Récit :

Jour 1 : arrivée au parc et 1ère étape
Le parc Torres del Paine est à 2h de route de Puerto Natales, la ville la plus proche et qui sert de point de départ et de station de ravitaillement pour la très grande majorité des randonneurs. J'en veux pour preuve le supermarché de la ville, lequel dispose d'un stock quasi inépuisable de boites de thon. C'est un signe! On a même trouvé du pâté Henaff (qu'on n'a pas acheté... quand même...)
Aorès 2h de bus donc, on arrive à l'entrée du parc où l'on paye le droit d'entrée de 18 000 CLP par personne (24 euros! BING). Le bus a ensuite 3 arrêts dans le parc. Vu qu'on suit le parcours à l'envers, on débute au second arrêt où nous attend le bateau pour une traversée de 30 minutes du lac Pehoe en vue d'arriver au refuge de l'autre côté qui sera notre point de départ. On profite de la traversée et du ciel super dégagé pour avoir une vue imprenable sur les cuernos.



Nous voila donc au refugio Paine Grande, point de départ de notre 1ère marche. 3h40 pour arriver au refugio Grey, près du glacier du même nom. Le début de la rando se fait sous les terribles vents patagons, qui nous rendent l'avancée plus difficile. Les quelques forêts traversées ne nous en protègent pas vraiment étant donné qu'elles sont calcinées. Il se trouve en effet qu'en décembre 2011, un incendie gigantesque a ravagé une bonne partie du parc, et notamment sur la partie ouest du W.


Comme tout 1er jour de randonnée qui se respecte, je me demande ce qui me prend de faire ça, me dis qu'on galère déjà et pour couronner le tout, ce brusque retour à l'été n'a pas manqué de réveiller les allergies aux graminés. La bonne surprise sera quand même la qualité et le confort du refuge, sans parler de la papillote de saumon à l'ail pour le diner. Sans compter le panorama sur le glaciar Grey :



Jour 2 : Fastoooooooche!!!
Pas grand chose à dire sur ce 2nd jour. On fait le même parcours, mais à l'envers. Retour au refugio Paine Grande. La marche nous semble beaucoup plus facile étant donné qu'on connait la route. Et cette fois-ci, on a le vent dans le dos : le bonheur. Etape bouclée en 3h20 et du même coup la branche ouest du W. Arrivés au refuge, on fait la connaissance de "l'Américain" : un monsieur d'une soixantaine d'années à la moustache blanche et qui vient faire, non pas le W, mais le tour complet du massif. Soit 12 jours avec tente, nourriture et équipement. "L'Américain" sera officiellement notre nouveau héros pour toute la durée du trek. On se repose bien et se couche tôt en vue du lendemain. Grosse journée en perspective avec 11h de marche prévues. Le bu est de se rendre au pied de la branche centrale du W, d'en faire l'aller-retour, et de continuer ensuite jusqu'au refuge suivant.

Jour 3 : le jour du guerrier!
Réveil et départ matinaux! On se met en route à toute vitesse pour atteindre le campamiento italiano au pied de la branche centrale du W. Cette portion se révèle très agréable. En plus d'être plate et assez facile, le soleil est de la partie pour faire miroiter les eaux du lac au petit matin. Un régal!



Arrivés au campamiento italiano, on pose nos sacs pour faire l'aller-retour aussi légers que possible. La durée estimée sur la carte est de 6h, et le dénivelé promet d'être usant à la montée comme à la descente. Toute cette branche centrale du W est une vallée "des Frances", qui à défaut de souhaiter la bienvenue à ses compatriotes leur envoie des bourrasques de vent en pleine figure. On y fait assez rapidement la connaissance de Pascale et Lana, deux québécoises qui nous promettent de nous suivre comme des parasites (sauf qu'elles marchaient devant...)
Tandis qu'on monte et qu'on monte et qu'on monte etc... on entend soudain un grondement sourd comme le tonnerre. Pourtant pas de signe de pluie ni de nuage gris. Rebelote 10 min plus tard, mais cette fois-ci, on voit un bout de glacier se décrocher et dégringoler en mini-avalanche. Le phénomène est impressionant et se répète toutes les 15-20 minutes, certains plus bruyants que d'autres. C'était, selon moi, le meilleur moment de la journée : on se rend compte à quel point la nature offre des spectacles grandioses. C'était superbe!



Tandis qu'on continue la montée, on finit par arriver à une intersection où aucun balisage n'indique la route à prendre. On essaye 3 chemins, chacun aboutissant sur un cul de sac, le dernier des 3 offrant tout de même un panorama exceptionnel, mais les nuages empêchent de profiter du spectacle offert par les montagnes alentours. Toujours est-il qu'on a perdu trace du sentier principal. Hors de question de prendre des risques, d'autant plus que la journée est encore longue. Demi-tour! En redescendant, on croise "l'Américain" auquel on raconte notre mésaventure quelques mètres plus loin, et tandis qu'il s'apprête à suivre le même chemin que nous, on aperçoit le sentier qu'il fallait en fait suivre. Malheureusement, faute de temps, on décide de poursuivre la descente et de laisser tomber le panorama promis là-haut. Arrivés au refugio Los Cuernos quelques 4h30 plus tard, on y fait la connaissance d'Ariane et Olivier, un couple de Français qui fait la rando dans le même sens que nous. On y retrouve aussi les Québécoises "Allô Raphael et Sarah!!!" qui se marrent en apprenant qu'on s'est perdus, mais nous rassurent quant au panorama manqué, appremment les nuages ont gâché le plaisir.
Un bon gros dodo (sous la tente) en vue d'une journée plus "soft" le lendemain.

Jour 4 : suivez le balisage équestre
L'objectif du jour est simple : se rendre au refugio Torre Norte où nous attendent 2 lits douillets. Bon... le hic c'est que le plan annonce 4h30 et pas mal de dénivelé. Après la longue journée de la veille, chaque petite montée ou descente fait crier les articulations. Ce que le plan ne dit pas, en revanche, c'est que cette section du trek est également empruntée par les chevaux, et que ces derniers ne manquent pas de ponctuer leur passage de crottes plus ou moins dodues. Et je ne sais pour quelle raison, ces chers équidés mettent un point d'honneur à rajouter une difficulté aux passages les plus délicats du trajet ; à tel point qu'on s'est plusieurs fois demandé où poser le pied pour pouvoir passer sans cacatastrophe pour nos chaussures.
Mais l'Homme a vaincu le Cheval! et nous arrivons enfin au refugio pour ronfler tout notre saoûl. A noter tout de même qu'au diner, nous faisons la connaissance d'une chilienne et d'un couple d'Américains de l'Idaho. Madame parle français car sa soeur vit en Bretagne et se fait une joie de papoter avec des Français. Au dessert, on nous sert une "semola con vino" : une espèce de semoule au lait arrosée de vin rouge. C'était... spécial mais pas trop mal (selon moi) voire vraiment pas bon, ça ressemblait à un champignon de vinaigre (selon Sarah).
Demain est le point d'orgue du trek avec l'ascencion au mirador las torres. Repos!

Jour 5 : Bonjour tout le monde!
L'ascencion est rude et longue, mais le soleil est là et de belles éclaircies sont attendues, ce qui est idéal pour le panorama. En chemin on croise tout le monde. Absolument TOUT LE MONDE. On croirait  que tous les randonneurs font l'ascencion le même jour. De notre côté ça nous aura donné le plaisir de recroiser chacune des personnes rencontrées durant le trek : "l'Américain", les québécoises, les français, le couple américain, la chilienne. S'il faut surtout se souvenir d'une chose en tout cas, c'est que le panorama est magique :


Une dernière nuit, sous la tente, au refugio El Chileno avant d'entreprendre la redescente et de prendre le bus du retour.

Jour 6 : the end
Après une nuit sous le vent et la pluie, on se réveille dans une tente saturée d'humidité (le gros problème des tentes de location : elles sont nazes!). On redescend tout de même rapidement pour se mettre à l'aise et prendre quelques boissons en attendant le bus.
Le trajet en bus sera l'occasion de voir quelques guanacos en liberté dans le parc, et de faire une bonne grosse sieste jusqu'au retour à Puerto Natales.

BILAN :
Le W, si on l'a fait, vous pouvez le faire! 


A noter quand même qu'on a été particulièrement chanceux sur 2 points : la météo a été clémente. A l'exception du jour 3, on n'a presque pas eu ni de pluie ni de neige, et le vent était plus modéré que ce qu'on craignait.
L'autre point est qu'on a pu voyager léger. Le fait de trouver de la place en refuge, ou dans les tentes de location nous a évité de trimballer tout l'équipement propre au camping. Même si ça doit être faisable, le même trek avec un sac de 15kg n'est pas franchement agréable. Le couple français rencontré avait fait cette erreur et l'a regretté tout du long. Cela dit, les adeptes du "O", qui vise à faire le tour complet du massif, n'auront pas d'autre choix que de prendre leur propre matériel et des réserves de nourriture pour plusieurs jours.
De notre côté, on est super fiers du parcours accompli. Si c'était à refaire on n'hésiterait pas, surtout pour prendre notre revanche sur la vallée del Frances. Et surtout, surtout, on a ADORE notre jour de récup après le trek!


A très vite pour la suite, au Perito Moreno!

Saraph

3 commentaires:

Charles a dit…

Les paysages sont splendides. Bravo à vous deux pour cette randonnée et merci de nous faire voyager avec vous !

Elias et Mia a dit…

C'est superbe. Bravo vous nous faites voyager.
Profitez bien et merci pour les cartes postales :-))))

On vous embrasse. Elias et Mia

Raph a dit…

Coucou elias et mia !
Je pense bien a vous ! Votre lampe frontale m a été très utile lors de cette randonnée et pendant les nuits sous tentes !
Je vous embrasse
Sarah